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Wednesday, 29 April 2009 |
 Nous avons maintenant deux leaders à Nalchik. Leko bat Kasimdzhanov de manière confiante et rattrape ainsi Aronian, qui a eu de la peine à survivre contre Kamsky, visiblement bien inspiré.
Tout se décidera demain dans la partie qui les opposera tous les deux. Aronian jouera avec les Blancs.
Kamsky-Aronian
Un exemple classique de l'épée qui est aussi forte que le bouclier. Kamsky attaque brillement, mais Aronian se défend avec une précision incroyable.
Je pense que l’ouverture des Noirs était loin d’être parfaite. La manœuvre du Cavalier en b6 n’était par exemple pas convaincante. Les Blancs finissent rapidement leur développement et créent une forte attaque dans le centre avec 12.f5! Levon accepte le challenge, prenant tout ce que son adversaire ose sacrifier – tout d’abord un Pion, puis un échange. Après 14…Bxf5 et jusqu’à la fin de la partie Levon était essentiellement en train de parer à diverses menaces.
Le sacrifice d’échange des Blancs 16.Rxf5! est excellent! Kamsky aurait pu créer une pression très ennuyeuse avec le rusé 18.d4!, restreignant le Cavalier Noir et passant le droit de bouger à l’adversaire. Dans mon analyse plus approfondie je n’ai trouvé aucun moyen d’égaliser pour les Noirs. Les Blancs auraient pu avoir d’excellentes chances de gain. La belle manœuvre du Cavalier de Levon lui permet d’échanger le puissant Fou Blanc. Après Levon fait un sacrifice de pièce très opportun (21…0-0-0!) et réussit à survivre sans trop de difficulté. Dans la suite de la partie, la Tour Noire et les Pions tiennent avec succès contre deux pièces mineures.
 Leko-Kasimdzhanov
Rustam fut incapable de tenir contre un adversaire mieux préparé et plus motivé. Dans la Défense Petroff les Blancs maintiennent de la pression sur la moitié de l’échiquier vide, comme ils contrôlent une colonne centrale. Leko utilise ses Pions à l’aile Roi comme une arme, et il semble que Kasimdzhanov ait accéléré ceci avec 19…Nf6. A la place, il aurait pu jouer 19…c5 ou même le plus sûr 19…c6 avec l’idée de rencontrer 20.h6 par 20…b5!, fixant complètement la structure de Pions.
La décision de Rustam d’amener le Cavalier en g8 (20…Kh8?!) s’avéra fatale (une fois de plus il y avait mieux avec 20…c6, avec l’intention de b7-b5). Le puissant 22.c4! de Peter crée de la tension dans le centre, et les Noirs sont incapables de la supporter. Rustam se débarrasse finalement du Pion h6 mais le paie cher.
Une dernière erreur (27…f5?) et les Noirs terminent dans la douleur.
 Mamedyarov-Eljanov
Les Noirs jouent de manière très créative dans l’ouverture (substituant l’habituel 6…0-0 par 6…dxc4), mais manquent d’égaliser. Les Blancs obtiennent l’avantage de l’espace, alors que les Noirs ont un très faible Pion en c6.
Shakhriyar sacrifie brillement un Pion par 14.e6! et crée une forte pression. Pavel sacrifie son Pion en réponse - 17…c5. Je pense que les Blancs auraient dû le prendre d’une manière différente : 18.Rfe1!? c4 19.Bg3! Re8 20.Qxd5 – dans ce cas ils conservent beaucoup de pièces sur l’échiquier et maintiennent un avantage significatif dans le centre. Dans la finale qui s’ensuit les Noirs amènent rapidement le Roi au centre (22…Kg8!) et assurent une certaine compensation pour la perte de leur matériel.
Les deux Grands Maîtres jouent vraiment bien dans les complications qui s’ensuivent. L’évaluation « les Blancs sont légèrement mieux » reste inchangée jusqu’à ce que la nulle soit accordée.
 Akopian-Gelfand
Ce chef-d’œuvre est parfait et peut être ajouté tel quel dans les manuels de la Petroff. Les Blancs jouent un intéressant nouveau coup dans une vieille mais toujours populaire ligne –12.Qa4+!?, mais il semble que cela avait été anticipé par Boris. Si ce n’est pas le cas, je m’en excuse et exprime ma plus grande admiration envers les deux joueurs. Chaque coup joué fut parfait et il s’ensuit une position presque égale, dans laquelle le fort Cavalier Noir en d5 compense le Fou Blanc.
 Karjakin-Svidler
Toute défaite arrive de manière inattendue. Cette partie a bien commencé pour Peter ; la pression des Blancs dans la Zaitsev n’était pas particulièrement dangereuse. Les joueurs simplifient implacablement la position, mais les Noirs prennent trop de temps avant de libérer la cassure d6-d5. Ils auraient dû jouer cela au 27ème coup, et là la partie se serait vraisemblablement soldée sur une nulle, alors qu’après 27…Rde7?! 28.Qb2! les Blancs créent une dangereuse pression sur la diagonale a1-h8. Afin de la défendre, les Noirs doivent faire un fianchetto avec le cavalier, qui donne aux Blancs quelques tempi pour développer l’initiative et avancer leur Pion passé.
En zeitnot Svidler commet deux erreurs (au lieu de 35…Qc7, le 35…Qc5 est plus précis, et au lieu de 39…Rc8, le 39…Re7!est beaucoup mieux), et Karjakin parvient à échanger le Fou b7, qui est le seul obstacle pour son Pion passé. La position des Noirs se péjore, et leur défaite ne surprend plus personne.
 Grischuk-Bacrot
Sasha me fait penser à un boxeur intrépide avec les reins solides - ses adversaires le frappent beaucoup, mais il riposte toujours sans jamais tomber.
A ce que je vois, la chose la plus difficile dans cette partie pour Grischuk était d’éviter la répétition de coups sous pression au temps. Cette fois il y parvient, répétant toutes les positions seulement deux fois.
Bacrot est au travail pour un long moment, mais commet une erreur dans la finale. L’automatique 45…Rxb4? est perdant, alors que 45…c3! conduit à une nulle, étant donné que dans ce cas les Blancs ne peuvent pas prendre le Pion d6 et conservent en même temps leur Pion e4.
Après que les Blancs effectuent un échange pour deux Pions (avec 48.Kxd3!), les Noirs sont incapables de se défendre contre les Pions passés connectés, et sont un ou deux tempi trop court pour créer un coutre-jeu adéquat.
 Alekseev-Ivanchuk
Cette partie fut relativement intéressante (la Défense Sicilienne conduit à une bataille serrée dans le centre), mais la foule sur l’internet est devenue folle dans la finale de Dames. Pourquoi Alekseev n’a pas transposé dans une finale gagnante de Pion avec 33.Qd3+? Il s’avère que l’ancien Champion Russe connaît mieux les finales de Pions que les experts armés d’ordinateurs sur internet. Cette finale « gagnante » de Pions conduit à une finale de Dame nulle… Voici quelques exemples de lignes : 33.Qd3+ Qxd3 34.cxd3 Kg6 35.Kc2 Kf6 36.Kb3 Ke6 37.Ka4 (37.Kc4 Kd6!) 37…Kd5 38.Kxa5 Kd4 39.a4 Kxd3 40.Kb5 f5 41.a5 (41.gxf5 g4!) 41...e4 42.fxe4 fxe4 43.a6 e3 44.a7 e2 45.a8Q e1Q (Les Noirs jouent juste à temps !) 46.Qd5+ Ke2 47.Qxg5 Qb1+ 48.Kc5 Kf3 49.Qxg7 Qc2+ 50.Kd5 Qe4+ 51.Kd6 Qxg4 52.Qxg4+ Kxg4 – et cette finale de Pion est nulle.
Le résultat de la partie est donc logique et juste.
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