La 7ème ronde n’apporte que quelques légers changements à l’image générale. Le leader reste le même. Le principal drame de la ronde s’est joué dans la partie de Kamsky – l’Américain manque un gain facile contre Karjakin et ne réussit pas à passer le premier contrôle du temps.

Karjakin-Kamsky
Jouer aux échecs est brutal. Vous y êtes puni pour la moindre petite erreur. Vous pouvez jouer la majorité de la partie de manière brillante et vous déconcentrez pour un ou deux coups – et c ‘est la fin. Vous êtes K.O. comme à la boxe.
Je suis désolé pour Kamsky. En tant que joueur d’échecs, je comprends très bien combien il est difficile pour lui d’encaisser un coup.
Gata a excellemment géré la Variante Winawer de la Française, employant un schéma intéressant avec le Cavalier en d5 (avant les Noirs mettaient toujours le Cavalier en f5) C’est probablement une ligne préparée pour le match contre Topalov. Après que les Blancs aient capturé le Pion f7, les pièces Noires occupent d’excellentes cases et commencent à ennuyer le Roi Blanc.
Le contre-jeu de Karjakin commençant avec 21.a4 fut probablement la meilleure chance pratique dans une situation difficile. La seule chose qu’il pouvait faire était de mettre de la pression sur l’adversaire et le forcer à beaucoup calculer. Je ne vais pas énumérer ici tous les coups gagnants pour les Noirs. C’est suffisant de relever le simple 27…Qxc2!, qui aurait pu décider de la partie en quelques coups. Sous pression mutuelle au temps Sergey agit plus vite et de manière plus précise – et Gata calcule mal en terminant dans une position perdue, et perd au temps.

Gelfand-Eljanov
Boris a joué de manière un peu trop créative aujourd’hui. Son ouverture n’était vraiment pas classique : les Blancs abandonnent complètement le centre à l’adversaire. L’avantage des deux Fous était sans importance. De plus, après que Pavel ait stabilisé la structure de Pion (16…Bxc6!, 18…c4!) il s’avéra que les Cavaliers Noirs étaient simplement plus forts que les Fous Blancs. Le Fou de case noire était particulièrement en mauvaise posture. Gelfand pouvait le libérer simplement en sacrifiant un Pion, ce qu’il fit, et échangea rapidement les pauvres Fous. Il s’avéra que ce fut l’erreur décisive ! Au lieu de 30.Bxe5?, il y avait beaucoup plus fort 30.Bxe4!, et après 30…Rxd4 (30…dxe4? 31.Bxe5!) 31.Bg2 Nc6 32.e3 les Blancs gagnent une certaine compensation pour un Pion.
Ayant échangé les mauvais Fous, Boris prend bientôt un Pion éloigné et inutile en a7, manquant le coup gagnant de l’adversaire – 31…Nxf2! Les Noirs réalisent une jolie et simple combinaison et gagnent la partie.


Alekseev-Mamedyarov
La stratégie d’Evgeny dans la partie de ce jour était plutôt rusée. Dans une Défense Pirc il s’abstient des lignes pointues, forçant son adversaire créatif et agressif à jouer lentement, manœuvrant la partie. Après que les Noirs aient quelque peu affaibli leur position, Alekseev commence à jouer sur les cases claires (18.Nb2!, 19.a4, 26.Bf1!) et obtient un avantage significatif. Cependant, il ne joue pas de son mieux dans la phase technique. Avant le contrôle, il manque la meilleure continuation 39.Kc4! (au lieu de 39.Kd2), et les Noirs répondent par 39…e4!, ce qui force des échanges et permet aux Noirs de survivre.




Bacrot-Aronian
Ce fut une autre nulle dépourvue d’intérêt de la Marshall avec les Blancs ayant un Pion en plus contre la puissante paire de Fous des Noirs. On peut relever la nouveauté des Noirs 23…h5 – l’idée d’avancer le Pion h est très populaire ces jours. J’ai même pensé que les Noirs pouvaient jouer pour le gain en sacrifiant un échange : 26…Rxe3!?
Les échanges qui s’ensuivent donnent aux Blancs un peu d’avantage, mais Bacrot n’en cherche pas plus et accepte la répétition de coups.





Svidler-Kasimdzhanov
Même les nulles rapides du Champion Russe ont du style. De simples mortels n'envisageraient jamais de sacrifier un Pion au 14ème coup, préférant améliorer la position et attendre quelque chose de mieux. Le sacrifice de Svidler détruit le centre, sécurise une excellente case d4 pour les pièces Blanches et finalement donne aux Blancs une nulle à partir d’une position de force. La position finale de la partie est totalement égale.



Ivanchuk-Leko
Aucun des deux joueurs ne peut être fier de cette partie. Leko provoque injustement l’activité de l’adversaire à l’aile Dame par 15…Bb4. Ivanchuk accepte joyeusement l’invitation, roulent ses Pions en avant et gagne un Pion. Convertir ceci n’est pas facile mais les Blancs auraient certainement pu jouer bien mieux. Ils auraient pu essayer d’échanger les Tours avec 35.Ra8, puis amener la Dame en c6 et le Cavalier en d5, et commencer à bouger les Pions.
Cependant Vassily manque le 38…Bb3!, et bien qu’il conserve l’avantage matériel, il ne peut plus créer de véritables problèmes à son adversaire. Des simplifications logiques conduisent à une nulle.



Grischuk-Akopian
Dans cette partie, les deux joueurs ont suivi pour beaucoup de coups une partie relativement peu connue, répétant même les coups les moins évidents. J’ai pensé qu’après 20.Rxh4 Rhd8 21.Qb4 les Blancs ont un clair et confortable avantage, bien que le coup dans la partie ne soient pas mauvais non plus. La nouveauté de Grischuk 22.Bh3 est bonne – j’ai été incapable de trouver un moyen clair d’égaliser pour les Noirs. Akopian se précipite pour échanger les Dames afin de relâcher la tension autour de son Roi, ce qui lui coûte un Pion. Cependant, l’Arménien sauve cette finale avec une défense tenace et très précise.
La dernière chance des Blancs de jouer pour le gain est 33.h5!, alors que l’invasion de la Tour au 7ème rang donne aux Noirs le temps de créer le contre-jeu salvateur.