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Entretien avec Spassky : un bon joueur doit avoir la soif de vouloir "tuer" son adversaire
Saturday, 18 April 2009
170409_spassky_big.jpgBoris Spassky est invité à Nalchik pour commenter les parties du Grand Prix FIDE. Avant que la prochaine ronde ne commence, le 10ème Champion du Monde répond aux questions des journalistes.

Qu’est-ce qui fut le plus mémorable dans les premiers jours de ce tournoi ?
 - Il y a eu plusieurs parties intéressantes dans la première ronde qui furent plutôt dramatiques. L’une des parties les plus intéressantes est celle de Vasily Ivanchuk face à Peter Svidler. Ivanchuk arrivait au bout de son temps et a malgré tout bien joué, mais le temps n’a pas été suffisant pour résoudre tous les problèmes et il a fini par perdre. Levon Aronian est un leader convaincant. Il a deux victoires. C’est plutôt un bon départ. Mais c’est difficile de juger après deux rondes. Je regarde avec beaucoup d’intérêt la manière dont les Grands Maîtres de la nouvelle génération s’affrontent. C’est très intéressant de suivre le style de lutte et de trouver qui est le Cavalier Noir. Nous connaissons les Cavaliers Blancs – ce sont nos favoris.

Allez-vous continuer votre carrière de joueur ? - Le fait est que j’ai 72 ans et ce qui est le plus difficile à supporter est l’intensité de la lutte. Je ne peux plus le faire. Je peux jouer une ou deux parties lorsque je suis invité dans des compétitions mais c’est impossible pour moi de tenir sur toute la durée. - La condition essentielle nécessaire pour être capable de jouer dans des tournois est de se sentir prêt à vouloir « tuer » tout le monde, mais je suis très timide et maintenant je ne veux plus gagner. Si je gagne, je ne ressens aucune joie mais je n’aime pas perdre non plus. Et les nulles sont très ennuyeuses. J’en ai déjà faites beaucoup. Je peux vous dire que maintenant vous êtes vite « âgés » aux échecs. La floraison arrive très tôt vers 26-28. Nous étions Champions à 32 ans. Je suis devenu Champion à 32 ans, Bobby Fischer était un peu plus jeune, Karpov en avait 24 mais il n’a pas joué le match de Championnat du Monde. Vasker avait 24 ans, et c’était au 19ème siècle.

Allez-vous vous rendre au club « Ladja » et y jouer une simultanée ou y faire quelque chose en lien avec les échecs ?

- Je n’ai pas de programme spécial pour faire connaissance avec la vie échiquéenne de la République et Nalchik. Mais il y a deux choses que j’aimerais bien faire – je veux visiter le club d’échecs et le musée local d’études régionales. C’est un programme minimum, mais je pense aussi que c’est le maximum que je puisse faire. A ce que je sache, nous avons deux jours de repos et des programmes touristiques y sont prévus. Et bien sûr j’aimerais rejoindre notre troupeau échiquéen, pardonnez-moi l’expression !

Que pensez-vous du système actuel pour déterminer le Champion du Monde des Echecs ?
- Je n’ai jamais réfléchi au système idéal. Il m’a toujours semblé que le titre de Champion avait perdu de sa signification. Je pense maintenant qu’il serait raisonnable d’avoir un tournoi des prétendants de l’année et le Champion du Monde y serait désigné. Mais d’un autre côté, après qu’Anand, qui est l’actuel Champion du Monde des Echecs, ait remporté le dernier match contre Kramnik, la signification du titre est devenue plus importante. Et j’en suis heureux. Parlant de l’idée de prendre un tel circuit dans lequel la sélection se fait selon une pyramide, qui consiste en six tournois, je dois dire que ce n’est pas une nouvelle idée. J’ai eu participé dans des tournois selon GMA. Il y avait aussi quatre tournois et les trois meilleurs résultats étaient pris en considération. Je ne peux pas juger si c’est raisonnable ou pas. Peut-être que c’est un peu compliqué. Et plus particulièrement maintenant, où il est relativement difficile de trouver de l’argent pour l’organisation de compétitions.

Ne pensez-vous pas que les échecs ont besoin d’un nouveau Bobby Fisher ?  Il semble que les Grands Maîtres sont d’un côté, les spectateurs d’un autre et les échecs aussi ?
- Je pense maintenant que c’est le Norvégien Magnus Karlsen. Il peut jouer ce rôle, parce qu’il attire par son jeune âge et la qualité de son jeu. Il a un jeu relativement riche et intéressant, de plus c’est un brave garçon, il va de l’avant qu’il perde ou qu’il gagne. Il joue également les finales aussi bien que Bobby Fisher dans son temps. Mais si vous pensez qu’il devrait y avoir un personnage extravagant, une sorte de « showman », je dois dire que je ne vois personne de ce type maintenant. Et nous n’allons probablement pas en voir.

Après que la couronne échiquéenne soit retournée en Russie, les échecs dans le monde féminin sont devenus plus populaires. Quelle est votre attitude par rapport à cela?
- En parlant des échecs chez les femmes, j’aimerais dire que je suis heureux de savoir que le travail professionnel est aussi bien payé aux échecs.

Notre école d’échecs était la plus forte au temps de l’URSS. Qu’en est-il maintenant ?
- Malheureusement, il y a une division maintenant. Nous pouvons beaucoup parler de ce qu’on appelle la reconstruction, ou penser à ce qui s’est passé dans le pays, etc. Beaucoup de joueurs, qui ont grandi et reçu une éducation échiquéen de haut niveau ici, ont quitté le pays. C’est ce qui s’est passé avec moi. Je suis allé en France en 1976 et j’y ai vécu pendant 34 ans. Je pense maintenant que le titre de Champion est sous-estimé. Mais ce n’est pas parce que l’intérêt pour les échecs a diminué. Le fait est que maintenant les compétiteurs ont de petite disparité et pour cette raison, je ne considère pas celui qui gagne comme Champion du Monde. Il reçoit juste le titre. Mais dans mon temps, on était Champion officiel pour 3 ans. Mais je dois ajouter qu’il y avait des personnes comme Misha Tal. Il a été Champion pour une année seulement. Cependant, il a été une brillante figure pour les échecs. Je pense que le monde échiquéen serait très ennuyeux s’il n’y avait pas eu Misha Tal. Son travail a été très utile. Je me souviens une fois dans un tournoi à Belgrade, j’ai rencontré des amateurs qui discutaient du tournoi. L’un d’entres-eux a dit : « Pas de Tal- pas de tournoi ». Voici l’autre raison pour laquelle les titres sont sous-estimés. J’ai toujours été fan de l’histoire échiquéenne, et ce fut intéressant d’en apprendre plus sur le monde des échecs, qu’il y a eu différentes étapes de développement. Le premier Champion du Monde, les conditions de l’époque. Et ce que nous avons maintenant : si votre téléphone sonne, vous n’avez pas raison. J’aurais aimé vivre au 19ème siècle.

Que pensez-vous de la carrière de coach ?
- Le talent de coach est spécial. Vous pouvez être un excellent joueur d’échecs et en même temps un coach sans aucun talent. J’ai un exemple. On m’a demandé de travaillé avec Flora Dmitrieva, qui était la Championne de Leningrad. J’avais accepté mais je n’avais pas compris comment cela allait être. Elle avait déjà été championne de Leningrad. Alors, je lui ai donné un conseil : “Flora, ne pensez pas au début, jouez simplement comme vous voulez et vous verrez “. C’est ce qu’elle a fait au Championnat d’après et elle fut dernière. Après cela, j’ai réalisé que je devrais être prudent avec mon talent de coach. Mais en regardant Bondarenko, qui avait un réel talent, j’ai compris que c’était plus facile d’être à la tête d’une école que de travailler. Actuellement, je lis des cours sur des thèmes échiquéens en général parce que j’ai une grande expérience. Cela s’appelle « Comment je suis devenu Champion », « La défaite la plus froissante », « La manière dont on ne devrait pas jouer aux échecs ». J’ai un grand nombre d’histoires de ce type. Donc, avant d’accepter de prendre la tête de l’école, j’ai réfléchi avec beaucoup d’attention. Maintenant nous avons deux sessions dans mon école de la région de Satka Chelyabinsk, une l’hiver et une l’été. Il y a environ 30 élèves. Maintenant leur nombre va réduire. Je pense que mes cours peuvent être très utiles, parce que je suis une sorte d’aimant qui attire et unit les enfants. Et je peux également faire de sérieuses remarques professionnelles dans des leçons de coach. C’est pour ça que j’évalue mes chances à 50/50. J’aime regarder les plus jeunes et relever leurs points forts et leurs points faibles, en les comparant à ma génération.

Que pensez-vous de l’influence des ordinateurs aux échecs, est-ce positif ?
Il est très important de prendre en considération que les ordinateurs ont changé les échecs. L'inconvénient est que beaucoup de parties commencent seulement au 35ème coup ou même plus tard. Vous êtes donc immédiatement impliqués dans la finale et il n'y a plus de partie en direct. Mais il y a aussi de grands avantages. Par exemple, le GM Bondarevsky et sa femme ont passé un mois à taper le début du répertoire de Bobby Fisher. Maintenant, vous cherchez le programme et vous trouvez tout en une demi-minute. C’est un très gros avantage. L’ordinateur est important à haut niveau lorsque la valeur du coup est très élevée. C’est très important d’apprendre à travailler avec l’ordinateur. Cela doit être notre serviteur, nous ne devrions pas le laisser devenir notre maître, sinon nous allons tomber.

Comment avez-vous gagné de l’argent pour la première fois avec les échecs ?
- J’ai gagné pour la première fois de l’argent avec les échecs en 1948 en donnant une simultanée dans une maison d’officier à Minsk. J’avais alors 11 ans. Dans une partie j’avais gagné échec et mat contre un Officier. Il a demandé à rejouer son coup. Et après deux coups, c’est moi qui étais échec et mat. J’ai commencé à pleurer amèrement et la partie fut stoppée pour 15 minutes. Une fois calmé j’ai fini la partie. Depuis cette fois, je ne laisse jamais rejouer un coup. J’ai eu une expérience très triste. En parlant d’argent, j’ai gagné de quoi m’acheter un manteau d’hiver. Ce fut donc de l’argent, des pleurs et un manteau.

Laquelle de vos parties n’a pris aucune ride ?
 - Je pense que c’est celle contre Bronstein en 1960. Il y avait un bon équilibre entre la stratégie et la tactique. Cette idée à été utilisée dans une des film de James Bond.
 
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